jeudi 21 mars 2013

Cloud Atlas, long chemin vers les nuages

 
 
C'est l'histoire d'un film qu'il est compliqué d'imaginer. D'un film qui met en scène 6 histoires, 6 époques et pourtant les mêmes acteurs transcendés par des grimages et déguisements différents. De quoi semer la confusion dans les esprits. J'ai passé une grande partie du film à m'interroger. A chercher le pourquoi du comment. A chercher où il voulait nous amener. C est relativement déstabilisant, sachant qu'il dure près de 3h. Cela laisse largement le temps de se poser des questions. Malgré tout, malgré ce flou artistique, malgré ces cogitations intensives, ces heures passent vite. Les scènes et les époques s'enchaînent fluidement. On commence à comprendre le fil conducteur de chaque histoire, à identifier quels sont les méchants et les gentils. Mais honnêtement, il faut s'accrocher. Et surtout finalement ne pas décrocher en route. Parce que même si elle est longue, le sommet vaut la peine d'être atteint.
 
Le film s'ouvre sur un Tom Hanks méconnaissable. C'est ce qui est bluffant dans Cloud Atlas, la faculté des acteurs à passer d'un personnage à l'autre, personnages diamétralement opposés et surtout extraordinairement métamorphosés (Hugo Weaving devient même une infirmière caractérielle) et la difficulté parfois du spectacteur à reconnaître l'acteur en question (j'avoue être passée à côté de certains et avoir mis un long moment à réaliser que Jocasta était Halle Berry!). Les histoires interagissent et sont perpétuellement liées. Avec un même dénominateur commun: le destin. Ce qui est intéressant c est de voir le panel des genres que nous propose le film. Il passe aisément d'une époque idiomatiquement improbable à une pleine mer ou au coeur d'un Néo Séoul futuriste sans que cela ne choque. La cohérence s'installe petit à petit. J'ai fini par comprendre que l'essentiel du film tournait autour du phénomène de la réincarnation. Pour nous permettre d'arriver à cette conclusion, une comète s'imprime sur la peau de certains personnages, marque de fabrique d'une corrélation mystique.
 
Ce qui est étrange dans ce film c est que j'ai passé les 3/4 de l'intrigue à me demander ce que je faisais là. A me demander si j'aimais ou non ces dédales par lesquels passaient personnages et scénaristes. Et l'évidence est venue à la dernière minute (enfin j exagère un tout petit peu!), au moment où tout devient l'impide, où tout s'éclaire et s'explique. Et j'ai réalisé à quel point ce film était intelligent, à quel point il était réfléchi, à quel point il était rationnel. Chacune de nos actions a des répercussions à plus ou moins grande échelle. Le plus petit de nos actes peut avoir des conséquences sur nos destins futurs, une sorte d'effet papillon d'à travers le temps plutôt que l'espace.  
 
Cloud Atlas est tiré d'un roman réputé inadaptable. Et quand je vois la complexité du scénario, j'image à quel point cette adaptation fût compliquée et, n'hésitons pas à le dire, remarquable. Par curiosité, je lirai ce best seller pour me rendre vraiment compte des difficultés et du challenge remporté par Tom Tykwer, Lana et Andy Wachowski.
 
Une mention spéciale à Hugh Grant qu'on attend plutôt dans des rôles de dandy anglais romantique et qui, ici, excelle aussi bien en révérend qu'en patron véreux ou en chef tribal. Il nous montre une autre facette de lui jusqu'ici  malencontreusement négligée.
 
Je crois que c est la première fois que je passe autant de temps sur une critique. Aussi compliquée à écrire que le film à comprendre. Malgré tout, je ne regrette pas de m'être laissée happer par mon envie de découvrir cette oeuvre (qu'on pourrait presque précéder de chef) magistrale et originale. Brillamment construite comme une espèce de puzzle qui imbrique des morceaux de vie, de destin pour ne plus former qu'un tableau unique, spirituel et cohérent. Il est essentiel de ne pas s'arrêter en chemin, de ne pas se perdre afin d'apprécier la grandeur et la profondeur de ce film (et surtout son génie). Parce que même si les premières minutes donnent envie de fuir, même si les suivantes demandent une attention particulière, le dénouement change totalement la vision globale qu'on en a ou tout du moins que j'en ai eu lors du clap de fin. Avec un casting aussi prestigieux; une BO savoureuse et un esthétisme exceptionnel, ce film ne manquera pas d'éveiller la curiosité des cinéphiles avertis et leur donner, je l'espère, l'envie de prendre le risque et de se laisser surprendre!
 

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