lundi 25 mars 2013

Peur (ou pas peur)

Second atelier d'écriture et une appréhension un peu moindre. Un peu seulement. J'ai eu, par un heureux hasard, la chance d'avoir une première séance "simple", sans contraintes, un premier exercice de quasi liberté. Cette fois, on change un peu la donne. Les habitués connaissent le principe, pour moi c est découverte accompagné d'un plaisir d'écrire différemment. Chacun inscrit un Je me souviens suivi d'une anecdote de l'enfance. Les feuilles tournent, seul le dernier Je me souviens reste visible et c est un fil, une histoire qui en découle, qui part parfois loin, qui amuse souvent. Puis arrivent les choses sérieuses, le thème et les mots à poser. Je découvre effectivement les joies de la contrainte. Qui tourne à l'obsession. Un peu focalisée sur l'imposé au détriment de l'imaginaire et de la qualité d'écriture. Il va falloir contre-balancer, ajuster et travailler!Cà tombe bien, je suis là pour çà :)
 
Quand on est enfant, on a peur de beaucoup de choses: peur du noir, du silence, de se faire gronder, d'avoir commis une faute, peur d'avoir mal, peur du loup, de l'ogre, des fantomes, des monstres, peur de mourir, peur d'être abandonné...
 
Toute la littérature, ou presque (depuis les mythes de l'Antiquité jusqu'à la Science Fiction, en passant par le roman classique ou contemporain) repose sur ces peurs. Les peurs réelles, mais aussi les peurs imaginaires et les angoisses irrépressibles. Un bruit, un animal, une idée, un visage, une image, une situation...déclenchent soudain cette sensation de peur, cette angoisse, cette appréhension devant l'inconnu.
 
De quoi l'enfant qui est en vous a-t-il peur (ou pas)? De quoi votre enfant imaginaire, c'est-à-dire votre personnage, a-t-il peur (...ou pas)?

 
Comment cette peur se déclenche-t-elle? Comment se manifeste-t-elle?
 
Qu'est-ce qui se passe dans le corps, dans l'esprit, quand la peur est là?Ouvre-t-elle la porte d'un autre univers, auquel on n'arrive pas à échapper car toutes les perceptions y passent par le filtre de la peur?...Ou bien est-il possible de luttre contre la peur? (et alors: comment?)

 
Ce que votre personnage va raconter, ce peut etre la peur d'une chose réelle. Mais ce peut tout aussi bien être une peur imaginaire.
 
Votre personnage peut aussi jouer avec sa peur. Comme lorsque, enfants, nous jouions à nous faire peur.
 
Il peut aussi dire: "pas peur!"

 
Contraintes:
- Terminer le texte par le mot "peur"
- Placer dans le texte le plus de mots possibles contenant la lettre P.

 
Nous étions 3 amies: Prune, Pascale et moi. Le genre d'amies d'enfances qui partagions tout, des peurs jusqu'aux rêves. En pleine pré-adolescence, petites pestes pétillantes et pas toujours prudentes. Je me souviens de cet été particulier où nous étions parties passer nos vacances dans la vieille maison des grands-parents de Prune, perdue dans une campagne désertique. Une campagne propice à nos perfides péripéties. Nous étions en route pour des pérégrinations pré-pubaires qui rendraient notre séjour inoubliable.
 
Un après-midi parmi tant d'autres, nous primes un chemin inexploré, foulâmes bon nombre d'herbes folles, pieds nus et voix perchées, riant d'avance des bêtises que nous allions commettre. Quand tout à coup, nous avons aperçu une bâtisse à première vue abandonnée. Vous savez, ces espèces de demeures ancestrales tapissées de toiles d'araignées. Mais même pas peur, nous nous sommes approchées (prudemment quand même, n'exagérons pas!) et face à cette porte entrouverte, n'avons pas longtemps hésité.

Pièces vides, poussièreuses... Aucune trace de vie (humaine tout du moins).
 Notre curiosité sans limites nous a poussé à grimper 4 à 4 l'antique escalier (détail de l'histoire un peu romancé puisque nous avons dû tirer à la courte paille celle qui prendrait le poste d'éclaireur!!!).
 
Nous voici donc dans une prétendue chambre au diapason avec le reste de la maison. Quand soudain la porte claque! Imaginez nos mines effrayées, nos yeux écarquillés et ce coeur qui bat plus vite que de raison. Pascale se précipite et tente en vain de nous sortir de ce piège. Nous sommes belles et bien coincées en cette fin d'après midi caniculaire dans un sanctuaire fantôme.
 
Le jour décline aussi rapidement que mon angoisse augmente. Le noir. Cette nuit noire qui s'apprête à nous engloutir. Pascale et Prune savent que c'est une véritable phobie pour moi, peur irrationnelle et peur que je ne maîtrise pas. Le noir, ses ombres, ses dédales.

Se calmer, simplement se calmer...
 
Prune propose des pommes qu'elle sort du panier qu'elle avait emporté. Assises en tailleur, avec ce sourire de façade, nous grignotons quelques morceaux sans grande conviction. Le soleil disparait. Et mon coeur palpite de plus en plus vite. Au secours!!!
 
Cà y est, ils sont là. Toutes les terreurs qui se profilent. Les bruits inexpliqués. Les craquements qui font sursauter. Je suis paralysée. Sauf qu'en fait, mes amies partagent mon sentiment. Les paumes de mains moites et le souffle court. Que faire? Attendre patiemment? Pousser des hurlements pour signaler notre présence? Se laisser dépassser par notre peur et se blottir les unes contre les autres dans un coin de la pièce?
 
Je décide, moi la plus phobique de nous 3, la peureuse, la pas courageuse de vaincre l'enfant qui parle à mon oreille. Je décide de braver cette petite voix qui m'implore de me terrer et je tourne cette poignée maudite, empêcheuse de tourner en rond. Cette poignée qui cède et qui par magie nous délivre de notre prison et surtout qui, symboliquement, me délivre de tellement plus que cela: de ma peur...
 
 
Suite au prochain épisode :) En tout cas je me régale, je me remplis, j'écoute également avec attention les proses de ceux qui m'entourent et me rends compte à quel point les mots nous appartiennent et à quel point l'imaginaire permet des envolées et une évasion incroyables...

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