dimanche 21 avril 2013

A table!

Voilà la troisième édition de mon atelier d'écriture. Je commence à être un peu plus à l'aise dans ce groupe déjà formé depuis un moment. Et même si je reste dans un style bien défini et ai encore du mal à faire confiance à mon imaginaire, je sens l'importance de ce partage et de ces exercices qui ouvrent à d'autres réflexions et à d'autres techniques!

"Il faut manger pour vivre"... mais la civilisation invente le repas en commun, partagé.

Il y a des repas pris à la hâte, les repas rituels, les pique-niques, les "déjeuners sur l'herbe", les diners en ville, les repas de famille... Il y a aussi tous les lieux où l'on prend ce repas (la cantine, le mess, le self, le mac do, le restaurant, la salle à manger, la table, le pouce, le plateau-télé, la nature, le jardin, le carré...); il y a la décoration de la table, les nappes, les serviettes, les couverts, la vaisselle... et la préparation du repas!
Ainsi, peu à peu, après la cuisson des aliments, nous avons inventé des règles, des coutumes, des riters autour de cet acte vital: manger.

Mais nos vies, comme la littérature, sont parsemées de repas catastrophiques: en famille, au travail, entre amis et même en solitaire - nous avons tous quelques souvenirs de repas épouvantables.

On peut aussi imaginer le pire. que serait le pire (votre pire) pour un repas?
Votre ou vos personnages vont assister, ou participer, à un repas-catastrophe: quelle est leur catastrophe? quel est l'élément qui déclenche le scandale, la crise, l'horreur, ou l'enchainement cataclysmique?

Contrainte: placer dans le texte l'une (ou plusieurs) des répliques issues des dialogues aléatoires que nous venons d'écrire.



Aujourd hui, c est la fête des mères. Une tradition ancestrale nous contraint mon frère, ma soeur et moi à préparer chacun une partie de ce repas qui s'avère n'être, années après années, qu'une vaste farce.

Ma petite soeur est juste la parfaite ménagère. Mère au foyer, 2 rejetons sages comme des images, un mari qui cède à tous ses caprices et une cuisine rutilante où trônent tous les robots et accessoires culinaires dernier cri. Alors forcément ne sortent de cette cuisine que de brillants fraisiers, de crémeuses quiches ou de fabuleuses lasagnes dont la simple évocation suffit à vous faire venir l'eau à la bouche. 

Ce soir, elle amène l'entrée: une panacotta au parmesan et aux asperges vertes. J'ai comme une envie de faire demi-tour!

Mon frère s'occupe du plat. Mon frère qui a un don inné pour dénicher les morceaux de viande parfaits, les légumes les plus verts et la petite patisserie qui ne paie pas de mine mais qui fait des paris-brest à tomber par terre. Ce soir, nous aurons droit à de la souris d'agneau dont le goût sera probablement à la hauteur de sa parure accompagnée de petites pommes de terre roties et de fagots de haricots verts.

Je continue à me décomposer. Et bien oui, vous êtes arrivés à la bonne conclusion, je suis de corvée de dessert!

Ce qu'il faut savoir de moi, c est que je suis le vilain petit canard de la famille. Je suis une vraie catastrophe ambulante et pas seulement aux fourneaux. Alors, me confier le dessert, ce n était pas très malin!Ils me connaissent pourtant!Le sel à la place du sucre, c est moi, la tendance "au hasard" pour les proportions, c est toujours moi, le four jamais sur le bon thermostat c est encore moi!

Mais ils persistent, ils sont probablement un peu masos!

Je vois à leurs mines déconfites que je vais encore avoir droit à mon petit sermon de rigueur! Bon je reconnais que mon gâteau de savoie a mauvaise mine. Il est tout plat, légèrement bruni et ressemble à tout sauf à ce qu'il prétend être.

Maman, après un coup d'oeil blasé, propose de sortir une glace du congélateur. Mais non, ma chère soeur, cette perverse, suggère qu'on goûte à mon chef d'oeuvre, "vu le mal que j'ai du me donner!" Elle se permet une petite réflexion cinglante:

"T'as vraiment un souci avec les blancs en neige, ma pauvre" (sous entendu pauvre tâche même si elle n'ose pas aller au bout de sa pensée!)

"Mouchetée, toi même! Tu mets en doute mes talents de batteur!Attend voir un peu!"

Et je leur sers à tous une part de ce prévisible râté!
Je guette leurs grimaces et attend la volée de critiques qui va suivre.

Je lis en fait de l'étonnement, de la stupeur et une sincère surprise!

Malgré le pas assez de farine, les blancs trop plats et le soupçon de fleur d'oranger, subterfuge pour manquer un éventuel goût de brûlé, ma prouesse gastronomique n'est pas celle qu'avaient prévu mes convives toujours sceptiques.

"Tu l'as vraiment fait toute seule?"

Avec un large sourire, celui d'une victoire inattendue, je me fends d'un enthousiaste "Champagne"!!!!

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