dimanche 2 juin 2013

Le fils de Michel Rostain

 
 
Michel Rostain a obtenu pour ce livre le Goncours du premier roman 2011. De quoi éveiller ma curiosité. Le propos de son écrit est relativement lourd puisqu'il traite du deuil d'un père, probablement la plus inadmissible et illogique des pertes. La façon dont il partage son chagrin sort des sentiers battus. Il choisit de parler au nom de son fils, de voir ce deuil avec les yeux du disparu. Les souvenirs communs, les quelques jours précédents le drame et surtout l'après, le douloureux, l'insurmontable. On pourrait penser impudeur, crier au voyeurisme...Mais cette idée à contre-courant, ces maux transposés dans les mots d'un autre permettent de plonger différemment dans cette histoire de chemins qui se séparent. L'auteur emporte son fils avec lui, dans chacun des instants qui succèdent à sa mort. Il est présent, veille ses parents, les couve du regard.
 
L'ensemble est bien tourné, l'écriture est agréable et le livre se lit plutôt rapidement. On assiste à de l'intime. A du vrai. Et pour moi qui suis une hypersensible de naissance, j appréhendais le jaillissement de larmes intempestives. C'était presque une évidence. Et pourtant non, pas une n'a coulé. Etonnant!
 
Pourquoi n'ai-je pas été touchée par la tristesse et l'injustice de ce décès précoce? Probablement parce que je ne suis pas mère et j'ai donc du mal à imaginer à quelles folies, à quelles extrémités peuvent en arriver des parents qui perdent un enfant. Je me suis sentie mal à l'aise, tellement peu à ma place dans cette lecture, dans ces élans d'amour, dans ces mouvements de vie obsessionnels. Que ce soient les funérailles qui se sont transformés en un élan farfelu et macabre, les photos qu'il touche et retouche, agrandit et transforme jusqu'à en perdre le souffle ou ce voyage initiatique à l'écoute des signes de l'au delà, tout cela m'a perdu en route. Non pas que je ne sois pas touchée par cette blessure sans nom mais les moyens avec lesquels ils l'ont géré, des moyens qui sont propres à chacun et que je respecte totalement, m'ont distancié du chagrin que ce père partageait et dont je n'ai probablement pas compris l'ampleur...
 
Que cela ne vous décourage surtout pas! Chacun a une sensibilité différente et j'avoue regretter ne pas avoir suffisamment été bouleversée au sortir de cette lecture qui avait absolument tout pour toucher...

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