lundi 17 juin 2013

Une bouteille à la mer (2ème épisode)

 
 
Nouvel atelier d'écriture qui reprend en fait les écrits que nous avons fait la semaine précédente. Il nous a fallu sélectionner une des bouteilles à la mer d'un de nos camarades d'écriture puis suivre les consignes suivantes. Beaucoup de surprises et de rires à l'issue de nos lectures respectives!
 
Votre personnage (ou vous même) trouve la "bouteille à la mer" dont vous avez le message entre les mains.
Dans quelles circonstances cette "bouteille" lui est-elle parvenue?
Le message est-il lisible? Compréhensible? Récent? Ancien? (ou futur???)
Que va-t-il en faire?
Ce message va-t-il modifier la vie de votre personnage? (et si oui: de quelle manière?)
 
Trainant les pieds, je erre sans but dans les rues animées de La Rochelle. Quelle barbe de me retrouver là, à suivre mes parents alors que tous mes potes sont partis faire du camping à Argelès. C'est ma punition, la conséquence de mes résultats scolaires, je le reconnais, plus que médiocres. Obligé de croupir ici, tout seul comme un con, dans une ville sans intérêt où je m'ennuie sérieusement.
 
Alors, je traine, vagabonde et explore certains recoins sombres. Les yeux baissés, j avance où mes pieds me portent et j'atterris dans une rue un peu trop passante à mon goût. Ce n'est pas que je sois sauvage mais il y a de quoi se faire piétiner tellement l'affluence est grande. Un homme plus pressé que la foule environnante me fonce littéralement dessus. Je m'écarte de justesse et me réfugie dans une petite niche qui m'avait échappé.
 
Je patiente quelques instants dans le vain espoir que le flux se désintensifie. Et mon regard se trouve capté par une tâche blanche tapie dans le mur de pierre d'une maison en presque ruine. On dirait du papier, un prospectus laissé à l'abandon probablement. La curiosité (et l'ennui) l'emporte et je tire sur ce trésor bien à l'abri des regards. La pluie est passée avant moi et fait gondoler cette feuille pliée et repliée. L'encre a coulé. Malgré tout, je devine une écriture féminine toute ronde et plein de fantaisie. Quelques phrases y sont jetées à la hâte. J'essaie tant bien que mal de déchiffrer ces mots qui ne me regardent certainement pas! Mes yeux s'arrondissent de stupeur!
 
"Ah quelle douleur, quelle douleur que la mienne, celle d'
Une pauvre petite fille noyée dans la foule
Sur qui passent et repassent les passants qui
Effacent ainsi mes tracas tandis qu'ici j'écris avec
Corps et tripes et sang répandus sur le sol
Où je m'étale entre pieds et bitume
Unique pourtant et très humaine
Ratatinée au tapis dans mes rêves
Soudain criant ma peur aux humains qui m'engloutissent"
 
Je regarde autour de moi, scrute les environs. C'est une blague? L'écriture semble tremblante, hâtive. Un drame s'est-il joué ici? Je replie ma précieuse découverte et rentre au plus vite dans l'appartement que loue mes parents. J'allume mon Ipad et tape "accident jeune fille La Rochelle" sur Google. Rien de concluant, rien qui ne concerne le quartier en question. Avec "meurtre" peut-être. Non plus. Je cherche l'adresse de la médiathèque et y fonce sans plus attendre. Réfléchissons et soyons efficace!
 
Une semaine que je suis là et pas une goutte de pluie, le message est donc antérieur à mon arrivée. Vue la lisibilité encore nette du message, il ne doit pas avoir été déposé depuis des mois. Je demande à accéder aux archives des journaux locaux du mois passé. Je les épluche un à un, parcours les faits divers sans succès. Une dame s'approche de moi et m'informe que la médiathèque ferme ses portes. Mon dieu, quelle heure est-il? 20h et 4 messages affolés de ma mère. Je rentre penaud de n'avoir pas vu le temps passé mais surtout d'avoir fait chou blanc. Cette nuit là devient blanche tant mon cerveau tourne et retourne ces mots de détresse tellement mystérieux.
 
De bon matin, sous le regard médusé de mes parents habitués à me voir émerger sous les coups de midi, je pars chercher des réponses. Je sonde les rues alentours en quête d'indices. Rien, toujours rien. C'est frustrant! Je me décide à aller interroger les commerçants du quartier. Dans le café qui fait l'angle, je tombe sur des saisonniers qui ne sont au courant d'aucune affaire récent de cet acabit. Je me hasarde chez le marchand de journaux juste en face et tombe sur un vieux bonhomme à l'air revêche que je semble agacer avec mes questions. Dépité, je ressors et m'apprête à continuer l'enquête quand on me tape sur l'épaule. Une jolie blondinette me fixe de ses yeux espiègles.
 
"C'est moi!"
"Cà veut dire quoi c'est moi?"
"La lettre, c est moi! Je suis en vacances chez mes grands-parents et je m'ennuie tellement que je me suis amusée à glisser cette bouteille à la mer pour égayer mon quotidien morose! Et le destin fait que çà soit toi qui l'ai trouvé et qui ai relevé le défi! Tu gagnes donc une compagne estivale qui t'invite à boire un verre pour se faire pardonner cette farce de mauvais goût."
 
C'est ainsi que mon séjour qui s'annonçait morne et sombre s'ensoleilla d'un coup et que cette jeune fille en détresse me fit passer des vacances exceptionnelles!

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