dimanche 31 mars 2013

The sessions

 
 
Premières images et un certain malaise. Peur d'un film qui inciterait à la pitié, au voyeurisme. Théoriquement, si les propos de Stéphane sur son blog Oeilducinefeel06 se vérifient, cela sera loin d'être le cas.
 
Basé sur l'histoire vraie de Marc O'Brien devenu paralysé à cause de la polio, le film fait état de son handicap lourd mais met surtout en valeur cet humour qui lui était propre, le charme dont il savait faire preuve et toutes les angoisses qui peuvent le traverser. Ce sont ces qualités qui ressortent de cette histoire atypique, de ce destin si particulier.
 
Forcément le handicap reste central puisqu'il doit le dépasser pour aller au bout d'une envie qui l'obsède et d'un défi qu'il s'est fixé. Voilà le vrai tabou que soulève le film. Le recours à des assistantes sexuelles (métier méconnu mais qui est fortement théorisé pour l'occasion).
 
Un sujet percutant et intelligemment amené. Sans pudeur excessive, avec une humanité et une sensibilité étonnantes. Helen Hunt se dénude certes mais surtout elle incarne une femme juste, ouverte à l'autre, attentive. Elle rencontre véritablement l'Homme, le poète qui la touche avec ses mots, ses émotions et cette authenticité qui le rendent si attachant.
 
Son confesseur, le père Brendan interprêté par William H.Macy, dépasse lui aussi la simple enveloppe corporelle de cet homme qui vient à lui et lui offre plus que la foi, une vraie spiritualité et son amitié. Totalement en décalage, l'incitant au sexe, partageant une bière, ce père a un rôle prépondérant dans la vie de Marc O'Brien.
 
Et puis il y a John Hawkes qui interprête brillamment et physiquement (il a subi la pose d'une balle en mousse de la taille d'un ballon de football appliquée contre sa colonne afin d'obtenir la déformation que provoque la polio) Marc. Dans son poumon d'acier, le corps cloisonné, tout passe par son visage et ses expressions. Performance bluffante...
 
Même si l'histoire finit inévitablement mal, on ressort avec ce sourire, avec le bonheur d'avoir connu (même par écran interposé) cet homme qui a aimé, qui a été aimé et qui a su prendre la vie à bras le corps malgré ce croche-pied qui a définitivement transformé sa vie. Ce film est une leçon d'optimisme et évite tous les clichés pour se centrer sur une force, un sujet et un destin hors du commun!
 
 

samedi 30 mars 2013

Ce temps où Pâques signifiait tellement pour nous...

Je voulais vous souhaiter à tous de très belles fêtes de Pâques. Fête religieuse à la base, elle a fini par dévier en orgie chocolatée et en réunions familiales gargentuesques.
 
 
Dans mes souvenirs d'enfance, la période de Paques avait une vraie valeur, une tradition presqu'aussi précieuse que Noel. De ces souvenirs d'enfance, je garde les retrouvailles rituelles avec la famille de mon père. C'était un évènement suffisamment rare pour le souligner... Je me souviens notre impatience et ce petit coin de jardin, cette minuscule forêt vierge où se nichaient oeufs et poules en chocolat. Nous trépignions d'impatience mon frère, ma soeur et moi de partir à la recherche de ce trésor tant convoité. Appareils photos et caméras étaient pointés sur nous et nos oncles, père et grand-père prenaient je crois autant de plaisir à nous observer que nous en avions à soulever chaque branchage!
 
Une fois le panier rempli de gourmandises, la coutume ne vascillait jamais. Invariablement, nous nous retrouvions devant un lapin en gelée, un gigot d'agneau accompagné de flageolets et une forêt noire dont je n'ai jamais retrouvé le goût unique ailleurs que dans ces souvenirs gravés. Sans nous lasser, avec le même bonheur, nous attendions ces plats, synonyme de réjouissance et de partage. Notre moment à nous...
 

Après moults rires et discussions plus ou moins animées, nous ne manquions jamais de récompenser nos hôtes (et nos petites cloches déguisées) par un spectacle souvent préparé, parfois improvisé. Musique, danse, chant et mise en scène théâtrale et les ovations de rigueur une fois notre prestation achevée. Quelle fierté et combien d'étoiles dans nos yeux pour ce final digne des grandes scènes parisiennes...
 
Ce sont toutes ces réminiscences qu'évoquent les fêtes pascales, héritage que j'espère un jour transmettre à mes futurs enfants. Tradition qui s'est perdue en route, après la défaillance de mon grand père pour excès de solitude et son exil en maison de retraite et après la mort de mon père qui a totalement fait péricliter toute cohésion de ce côté là de la famille.
 
Je chéris tendrement ces moments d'antan, ces petits morceaux heureux qui ont baigné et illuminé mon enfance. La nostalgie me prend toujours à l'approche de Pâques, le regret d'un évènement qui voulait vraiment dire quelque chose, qui avait une signification profonde et qui nous rapprochait tous le temps d'une journée, nous cette famille pas vraiment unie au quotidien, conséquence probable d'un divorce et d'un éloignement géographique mais qui, pour quelques heures, redevenions ce que nous avions été, proches et soudés...
 
Je vous souhaite à tous les mêmes moments joyeux et les tonnes de chocolat qui les accompagnent!
 

vendredi 29 mars 2013

Les coquillettes de Sophie Letourneur

 
 
Un titre mignonnet pour un film inutile. Sophie Letourneur se lance dans un délire avec 2 de ses copines. L'histoire d'un festival et de 3 nénettes qui se souviennent. On passe du présent, une soirée filles autour d'un plat de coquillettes au passé, au coeur du festival où l'une d'entre elle présente un film. 3 nunuches à tendance obsessionnelle. L'une par l'idée qu'il faut absolument qu'elle couche avec un homme parce que 16 mois d'abstinence ce n'est juste pas possible! La seconde par un minet qu'elle suit à la trace, devant lequel elle bave et qui n'en a strictement rien à foutre d'elle (désolée pour l'expression mais c est la triste réalité!). Et pour finir, la dernière (l'initiatrice de ce projet) par Louis Garrel dont elle attend le SMS depuis plus de 2 ans.
 
J'imagine donc que c est un film à prendre au 3000ème degré, c est un gros bordel, çà n'a ni queue ni tête enfin si vaguement. Cà dure 1h15 et c est largement suffisant. Cà ricane, çà fume, çà boit et çà se la raconte. Trop fantaisiste pour moi, j'ai eu du mal à garder mon attention éveillée et à entrer dans ce délire qui avait probablement un but mais je n'ai pas réussi à trouver lequel!
 
 

jeudi 28 mars 2013

Mauvaise fille de Justine Lévy

Je n'avais pas vraiment apprécié le film réalisé par Patrick Mille que je trouvais confus malgré la rayonnante Izia Higelin qui portait très bien la Louise de l'histoire. Pourtant, les conseils et l'enthousiasme de ma belle-soeur en pleine lecture du livre de Justine Lévy ont titillé ma curiosité et je me suis plongée dans ce "roman" qui se dévore d'une traite. Louise, l'héroine de ce roman tendance autobiographique, est la mauvaise fille. Celle d'une mère enfant, d'une mère dont elle prend le rôle. Elle devient ce qu'on appelle une enfant thérapeute, une enfant pas vraiment enfant, adulte avant l'heure. Elle met l'accent sur la complexité des relations mère-fille et la culpabilité que parfois elles engendrent. On est tenus d'aimer ses parents, envers et contre tout, malgré les maltraitances, malgré les défaillances et malgré les blessures. Comme si on leur devait quelque chose...La vie probablement!
 
Ce livre est beau, touchant et joliment écrit. Au moment où Louise s'apprête à devenir maman, la sienne s'éteint, rongée par un cancer. Porter la vie dans ces conditions n'est pas évident. Dire adieu et accueillir, une ambivalence compliquée à gérer. J'ai trouvé dans le récit de Justine Lévy une émotion qu'il m'a manqué dans le film. Les sentiments et les failles transparaissent différement et plus puissamment par écrit.
 
Le style est bon, fluide et agréable à lire. Et cette histoire, triste réalité, douloureuse confession, interpelle, bouleverse et parle vraiment...
 
 

mercredi 27 mars 2013

Le monde fantastique d'Oz, en route pour le pays des merveilles

J'essaie tant bien que mal de rattraper mon retard cinématographique (et pas que). Il me reste encore 5 critiques à écrire (celle ci, les coquillettes, à la merveille, the sessions et the place beyond the pines). Je vois le bout du tunnel :)
 
 
Le monde fantastique d'Oz fait partie de mes coups de coeur de ce premier trimestre 2013. Je me suis retrouvée petite fille, telle Alice au pays des merveilles. M'attendant à une adaptation de cette histoire si familiaire qui a bercé mon enfance, j'ai en fait embarqué dans la préquelle des aventures du magicien et donc pas de Dorothy à l'horizon. J'étais allée il y a quelques années voir un musical (très français!) pour faire découvrir ce conte à mon neveu et ma nièce. J'ai été autrement emballée par cette version féérique.
 
 
 
Le film commence par un savoureux préambule en noir et blanc qui nous plonge dans l'univers du cirque et des champs de foires d'époque. C'est soigné, intelligent et visuellement très réussi. Même si ce n'est rien comparé à l'esthétisme de ce qui va suivre. Quand le film se colorise , cela devient tout simplement sublissime. Whaou, enfin une 3D justifiée! C est magique, on est en pleine immersion au pays d'Oz, on calque nos pas sur ceux du magicien, on se délecte de ces fleurs chatoyantes, on reçoit quelques gouttes de sa plongée cascadesque, on évite les obstacles, bref on vibre vraiment! Rien que pour cette prouesse, le film s'applaudit. Le scénario n'est pas forcément grandiose mais éclaire sur l'arrivée de ce fameux magicien qui donne son nom au livre de L.Franck Baum.
 
Je ne suis pas toujours convaincue par James Franco dont je ne remet pas en cause le jeu d'acteur (magnifique dans 127heures) mais il dégage quelque chose qui me dérange (sans que je sache l'expliquer). Pourtant dans ce rôle d'homme fourbe et charmeur, il excelle. Il est largement à la hauteur de la tâche et m'a définitivement conquise :) Mon enthousiasme excessif souffre d'un petit bémol. J'ai été moins convaincue par les rôles féminins. Michelle Williams dont la douceur et la blondeur en font une Glinda parfaite (qui devait être interprêtée par Blake Lively, on l'a échappé belle!) ou Mila Kunis étonnante en sorcière verte de rage sont exceptionnellement mal doublées. La voix adolescente de la Jen de Dawson dessert totalement à Michelle, quant à celle qui est à priori l'officielle de Mila, son côté nasillard est juste insupportable! C est dommage de faire perdre de la superbe apportée par une 3D fabuleuse au détriment d'un doublage désastreux! Le petit clin d'oeil aux épouvantails de la version originale ainsi que la petite poupée de porcelaine toute mignonne ajoute
 
Les studios Disney et Sam Raimi signent une adaptation d'une finesse et d'une qualité rares.Danny Elfman et sa bande originale achèvent de teinter de magie ce film qui a mis bien des étoiles dans mes yeux... 
 
 

Au bout du conte, j'ai aimé en fin de compte :)

 
Jaoui/Bacri, duo incontournable du cinéma français. Toujours un peu décalé, ce qui ne fait pas défaut dans ce film. Agnès Jaoui nous embarque dans un univers de conte de fée (d'où le titre) où nos histoires de petites filles (ou de petits garçons) sont transposées dans notre quotidien actuel. Ainsi le grand Méchant Loup prend les traits de Benjamin Biolay, épreuve pour moi qui ne supporte pas cet homme ce qui tombe bien puisqu'il joue ici le vilain, un rôle qui lui va à merveille (ouh pas bien!!!).
 
 La jeune héroine, Agathe Bonitzer joue les blanche-neige effarouchées, les petits chaperons rouges perdues dans la forêt et les ingénues à la recherche du prince charmant. On effleure donc quelques grands classiques sous l'oeil enfantin d'Agnès Jaoui qu'on sent bercée par les merveilles que recèlent ces légendes. Les petits détails sont un vrai bonheur. Le devant de la maison de Marianne, la tantine de la jeune princesse est un régal et un rêve éveillé. Qui pourrait tout droit sortir de mon imagination d'antan! Je suis fan :)
 
Se joint à la fête un prince un peu trop charmant et lisse mais dont le sourire désarmant fait craquer bien des demoiselles en détresse.
 
Ce n'est pas toujours cohérent, Bacri fait inévitablement du Bacri et Jaoui occupe une fois encore à outrance l'espace et l'écran et pourtant il se dégage une magie, une petite musique douce et entrainante, un petit air barré mais qui a bien fonctionné chez moi. L'ambiance conte de fée forcément çà me parle. Sans parler de grand film, j'ai aimé l'atmosphère et l'originalité qui s'en dégageaient!
 
 

lundi 25 mars 2013

Peur (ou pas peur)

Second atelier d'écriture et une appréhension un peu moindre. Un peu seulement. J'ai eu, par un heureux hasard, la chance d'avoir une première séance "simple", sans contraintes, un premier exercice de quasi liberté. Cette fois, on change un peu la donne. Les habitués connaissent le principe, pour moi c est découverte accompagné d'un plaisir d'écrire différemment. Chacun inscrit un Je me souviens suivi d'une anecdote de l'enfance. Les feuilles tournent, seul le dernier Je me souviens reste visible et c est un fil, une histoire qui en découle, qui part parfois loin, qui amuse souvent. Puis arrivent les choses sérieuses, le thème et les mots à poser. Je découvre effectivement les joies de la contrainte. Qui tourne à l'obsession. Un peu focalisée sur l'imposé au détriment de l'imaginaire et de la qualité d'écriture. Il va falloir contre-balancer, ajuster et travailler!Cà tombe bien, je suis là pour çà :)
 
Quand on est enfant, on a peur de beaucoup de choses: peur du noir, du silence, de se faire gronder, d'avoir commis une faute, peur d'avoir mal, peur du loup, de l'ogre, des fantomes, des monstres, peur de mourir, peur d'être abandonné...
 
Toute la littérature, ou presque (depuis les mythes de l'Antiquité jusqu'à la Science Fiction, en passant par le roman classique ou contemporain) repose sur ces peurs. Les peurs réelles, mais aussi les peurs imaginaires et les angoisses irrépressibles. Un bruit, un animal, une idée, un visage, une image, une situation...déclenchent soudain cette sensation de peur, cette angoisse, cette appréhension devant l'inconnu.
 
De quoi l'enfant qui est en vous a-t-il peur (ou pas)? De quoi votre enfant imaginaire, c'est-à-dire votre personnage, a-t-il peur (...ou pas)?

 
Comment cette peur se déclenche-t-elle? Comment se manifeste-t-elle?
 
Qu'est-ce qui se passe dans le corps, dans l'esprit, quand la peur est là?Ouvre-t-elle la porte d'un autre univers, auquel on n'arrive pas à échapper car toutes les perceptions y passent par le filtre de la peur?...Ou bien est-il possible de luttre contre la peur? (et alors: comment?)

 
Ce que votre personnage va raconter, ce peut etre la peur d'une chose réelle. Mais ce peut tout aussi bien être une peur imaginaire.
 
Votre personnage peut aussi jouer avec sa peur. Comme lorsque, enfants, nous jouions à nous faire peur.
 
Il peut aussi dire: "pas peur!"

 
Contraintes:
- Terminer le texte par le mot "peur"
- Placer dans le texte le plus de mots possibles contenant la lettre P.

 
Nous étions 3 amies: Prune, Pascale et moi. Le genre d'amies d'enfances qui partagions tout, des peurs jusqu'aux rêves. En pleine pré-adolescence, petites pestes pétillantes et pas toujours prudentes. Je me souviens de cet été particulier où nous étions parties passer nos vacances dans la vieille maison des grands-parents de Prune, perdue dans une campagne désertique. Une campagne propice à nos perfides péripéties. Nous étions en route pour des pérégrinations pré-pubaires qui rendraient notre séjour inoubliable.
 
Un après-midi parmi tant d'autres, nous primes un chemin inexploré, foulâmes bon nombre d'herbes folles, pieds nus et voix perchées, riant d'avance des bêtises que nous allions commettre. Quand tout à coup, nous avons aperçu une bâtisse à première vue abandonnée. Vous savez, ces espèces de demeures ancestrales tapissées de toiles d'araignées. Mais même pas peur, nous nous sommes approchées (prudemment quand même, n'exagérons pas!) et face à cette porte entrouverte, n'avons pas longtemps hésité.

Pièces vides, poussièreuses... Aucune trace de vie (humaine tout du moins).
 Notre curiosité sans limites nous a poussé à grimper 4 à 4 l'antique escalier (détail de l'histoire un peu romancé puisque nous avons dû tirer à la courte paille celle qui prendrait le poste d'éclaireur!!!).
 
Nous voici donc dans une prétendue chambre au diapason avec le reste de la maison. Quand soudain la porte claque! Imaginez nos mines effrayées, nos yeux écarquillés et ce coeur qui bat plus vite que de raison. Pascale se précipite et tente en vain de nous sortir de ce piège. Nous sommes belles et bien coincées en cette fin d'après midi caniculaire dans un sanctuaire fantôme.
 
Le jour décline aussi rapidement que mon angoisse augmente. Le noir. Cette nuit noire qui s'apprête à nous engloutir. Pascale et Prune savent que c'est une véritable phobie pour moi, peur irrationnelle et peur que je ne maîtrise pas. Le noir, ses ombres, ses dédales.

Se calmer, simplement se calmer...
 
Prune propose des pommes qu'elle sort du panier qu'elle avait emporté. Assises en tailleur, avec ce sourire de façade, nous grignotons quelques morceaux sans grande conviction. Le soleil disparait. Et mon coeur palpite de plus en plus vite. Au secours!!!
 
Cà y est, ils sont là. Toutes les terreurs qui se profilent. Les bruits inexpliqués. Les craquements qui font sursauter. Je suis paralysée. Sauf qu'en fait, mes amies partagent mon sentiment. Les paumes de mains moites et le souffle court. Que faire? Attendre patiemment? Pousser des hurlements pour signaler notre présence? Se laisser dépassser par notre peur et se blottir les unes contre les autres dans un coin de la pièce?
 
Je décide, moi la plus phobique de nous 3, la peureuse, la pas courageuse de vaincre l'enfant qui parle à mon oreille. Je décide de braver cette petite voix qui m'implore de me terrer et je tourne cette poignée maudite, empêcheuse de tourner en rond. Cette poignée qui cède et qui par magie nous délivre de notre prison et surtout qui, symboliquement, me délivre de tellement plus que cela: de ma peur...
 
 
Suite au prochain épisode :) En tout cas je me régale, je me remplis, j'écoute également avec attention les proses de ceux qui m'entourent et me rends compte à quel point les mots nous appartiennent et à quel point l'imaginaire permet des envolées et une évasion incroyables...

dimanche 24 mars 2013

Comme une envie de reprendre les clés...

 
 
J'arrive à un moment où je perds le contrôle. Et je ne supporte en général pas beaucoup cela :) Voilà maintenant que je m'auto-censure. Ici, comme sur Twitter ou Facebook. Parce que je suis lue (même à une petite échelle) par des gens qui ont probablement des attentes quand ils me rendent visite, parce que certains de mes visiteurs sont des familiers, des réels, des dévirtuels. Et que c est donc compliqué de me "dévoiler", de partager des angoisses, des coups de gueule ou des blessures qui risqueraient de trop leur parler. Comment dire ce film et les raisons intimes pour lesquelles il m'a autant bouleversé, comment pousser ce cri du coeur qui remet en question tellement de bases, comment analyser ce livre qui dit tellement bien ces failles qui me consument au quotidien. Face à de vrais anonymes, à des lecteurs de passage, l'exercice serait tellement plus simple...
 
Apparemment, un blog se catégorise. Hellocoton nous fait bien comprendre la règle du jeu. Il y a les blogs culture, les blogs cuisine, les blogs mode ou encore les blogs lifestyle. Sauf que le mien est un joyeux bordel, qu'il y a des périodes où je me sens cette irrépressible envie de tester une tonne de petits plats gourmands suivies d'un immense néant culinaire où l'agenda ciné est tellement tentant qu'il laisse peu de place au reste. Il y a des moments futils où je vous raconterai bien la dernière chose qui m'a fait sourire (comme le téléchargement de Comme des frères sur ITunes Jeudi dernier) ou la c.....e de la Sécu qui m'annonce de but en blanc que je vais devoir faire une croix sur mes rêves et songer à une reconversion professionnelle aux antipodes de ce dont j'ai besoin pour trouver la motivation de me lever chaque matin (non mais des fois, ils réflêchissent les gens avant de sortir ce genre de phrases qui peuvent totalement anéantir la personne en face d'eux???). Mais ai-je le droit? Que suis-je autorisée à écrire? Jusqu'où un blog, jusqu'où des humeurs de filles peuvent intéresser d'éventuels lecteurs cinéphiles, littéraires ou gourmets? Jusqu'où puis-je dériver?
 
J'ai le sentiment que ce blog et mes écrits m'échappent. Que la notion de partage se floute. Après tout, c est mon blog à moi toute seule, un mini chez-moi et je ne devrais pas avoir de comptes à rendre si ce n'est à moi-même :) Angoisse typique de fille!
 
Il en va de même pour Twitter qui, il y a quelques mois, n'accueillait que quelques followers amis, connaissances et qui me permettait surtout d'échanger avec des artistes qui m'étaient chers. Aujourd hui, je ressens une pression immense (bon j exagère un chouia :p!) les Vendredi et ses sempiternels FF. Peur de froisser, de mal rendre, d'oublier quelqu'un ou de n'adresser que les un ou deux seuls FF qui iraient avec mon humeur du jour! Et quand cinéphiles, gastronomes et autres bloggers spécialisés s'ajoutent aux followers de base, j'ai peur de lasser par des excès d'un côté ou de l'autre, de ne pas trouver l équilibre entre critiques cinés massives (qui intéressent probablement peu les gastronomes) ou par des recettes récurrentes (qui passent probablement au dessus des cinémaniacs!). Je perds donc le goût de tweeter. De raconter les anecdotes dont j'ai l'habitude, de commenter à outrance les émissions que je regarde (oui promis, je me restreins sinon çà serait l'enfer pour vous ;)!).
 
Je me freine pour ne pas déranger les autres. Ménager les susceptibilités. Facebook n'échappe pas à la règle. Entre une grand-mère agacée par l'omniprésence de mes humeurs de filles sur son fil d'actu (et sûrement un peu de mes publications obsessionnelles sur Comme des frères), entre les gens qui se contentent de tes statuts pour avoir de tes nouvelles et oublie l'option communication de base et le téléphone, sans compter ceux qui prennent un malin plaisir à vous rappeler à chaque  photo visuellement calorique que les bourrelets ne vont pas s'envoler à ce rythme là, il y a de quoi vouloir disparaitre de cette sphère virtuelle et se mettre en stand by temporaire. A moins de reprendre les rennes, les clés de mes différents chez-moi, d'indiquer le chemin de la sortie aux indésirables et mécontents.
 
Sauf qu'il manque un élément majeur dans la résolution de ces problèmes. Je suis une hypra-méga angoissée (et encore je reste soft là!). Le regard des autres, le jugement, le risque de décevoir est omniprésent et me pourrit royalement la vie! Je rêve de légèreté, d'insouciance, de confiance aveugle, de liberté... La liberté d'être moi et non celle que les autres attendent que je sois. Cette fille sage, cette femme adulte, qui rentre dans des cadres et qui ne dévie pas.
 
Sauf qu'en vrai, je suis plutôt dingue, impulsive, je suis mes envies même les plus déraisonnables, je suis capable de regarder le DVD de Raiponce 3 fois dans la même semaine,  je suis addict à Jonatan Cerrada, complètement gaga de mes neveux et nièces (les pauvres, vous pouvez les plaindre!), je procrastine plus que de raison, dors entourée d'un tas de peluches, n'écoute que de la variété française parce que çà me saoule de ne rien comprendre aux paroles que j écoute autrement, m'inscris sur des sites de rencontres  et n'ose jamais y mettre les pieds, ai été capable de voir 15 fois le même film au ciné, passe des journées entières en pyjama sous la couette à rêvasser et à engloutir des romans plus ou moins passionnants, me couche à 4h, me lève à midi et mange à 15h sans aucune honte, suis une grande fan de jeux de société (mais qui n'aime pas perdre!), redeviens une vraie petite fille quand je mets un pied dans l'attraction  It's a small world à Disneyland, ne rate aucun film d'animation au cinéma, peux devenir hystérique pour un éclair à la violette, ai aussi un projet de roman et de livres pour enfants qui stagnent depuis des années...Bref je ne rentre dans aucune case (au grand dam de ma famille!), je sors du cadre attendu de la femme-femme, mature de 35 ans avec une tête bien vissée sur les épaules (je vous rassure, j suis quand même responsable et grande pour certains trucs importants!).
 
J'essaie donc de refreiner pour ne pas choquer ni être jugée. Et me voilà tout simplement dépossédée de ce que je suis et en plein bouillonnement intérieur. Comme une envie de révolution, d'emmerder les conventions et les contestataires et de changer drastiquement de cap! Tout cet interminable laïus pour vous prévenir que la Céline nouvelle est arrivée (enfin j espère) , qu'elle ne comblera peut être pas vos attentes mais qu'elle se délestera des angoisses polluantes, étouffantes et inutiles.
 
Alors qui m'aime me suive!Et bonne route aux autres ;)

samedi 23 mars 2013

40 ans mode d'emploi (alias le titre super glamour!)

 
 
Je ne sais pas à quoi pensent les traducteurs de titres de films...Comme si on avait besoin d'un mode d'emploi de la quarantaine, de la grossesse, de tout et n'importe quoi. Des tranches de vies certes, des clins d'oeil, des parallèles à notre quotidien. Comme si un scénariste avait la science infuse et la solution à tous nos maux!
 
Bref, passons sur le titre. Judd Apatow. Réalisateur apparemment apprécié. Dont je ne connais que le "En cloque mode d'emploi" qui m'a à peine fait sourire. Mais çà ne m'arrête pas :) S'il est ainsi vénéré, il y a sans doute de bonnes raisons. En route donc pour cette quarantaine redoutée, un cap de plus qui fait s'interroger et beaucoup remettre en question.
 
Mariés, 2 enfants, Debbie et Pete s'apprêtent à passer ensemble la barre des 40 ans. A l'heure du bilan, l'un comme l'autre sont loin d'être satisfaits de leur sort. En mal de parents depuis toujours défaillants, ils ont énormément de parenthèses à fermer, de blessures à guérir et  un chemin de vie à redéfinir. On pourrait s'attendre à des situations cocasses mais c est loin d'être le cas. On sourit parfois, on regarde sa montre souvent. Parce qu'en plus d'un sujet plutôt basique et pas vraiment original, Judd Apatow nous prend en otage pendant 2h15 et c est long, définitivement très et trop long.
 
Néanmoins, il faut reconnaitre que le casting est top. J'aime beaucoup Paul Rudd qui campe ce quadra en pleine crise existentielle. Le réal s'offre en plus le plaisir de diriger ses filles, plutôt convaincantes dans le rôle de l'adolescente qui aborde classiquement la puberté et celui de la petite soeur qui sait parfaitement taper sur les nerfs de l'ainée. Il faut noter également la présence de Mégan Fox à la plastique irréprochable. Qui a dû régaler les mâles présents dans la salle. Et qui ajoute un peu de piquant et une note d'humour à l'histoire.
 
40 ans, l'âge du pardon et du lâcher prise. Et un film qui, sans être une révélation, sans marquer les esprits, permet quelques sourires et quelques cogitations existentielles ce qui n'est déjà pas mal :)

PS: gros spoiler de Lost!Moi qui étais tentée par cette série, j abandonne l'idée maintenant que je connais la fin! Merci Judd!
 
 

vendredi 22 mars 2013

Week-end royal

 
 
C'est ultra tendance en ce moment de se focaliser sur des petits (et Grands ) instants d'histoires et de destins hors du commun (My week with Marylin, Lincoln...). Partons donc passer un week end avec le grand Franklin Roosevelt auquel rend visite le couple royal anglais de l'époque. Cela pourrait sembler simple de prime abord (et d'après la BA) sauf qu'en fait çà l'est beaucoup moins que prévu.
 
C'est confus, on cherche le fil, là où voudrait en venir le film. On passe d'une romance entre le président et une de ses cousines à l'organisation d'un pique nique. On s'arrête à la case conflit mondial en perspective puis l'accent est mis sur l'arrivée au pouvoir de Georges VI, le bègue du fameux "Discours d'un roi". On s'emmèle les pinceaux et on cherche finalement quelle est la vocation de ce film. Parler du président américain et de ses innombrables maîtresses, de l'inconvenance de recevoir la royauté autour d'un pique-nique populaire, d'Eléanor, la femme forte qui a su s'imposer et garder la tête haute ou encore d'une reine qui étouffe son époux qu'elle n'estime pas à la hauteur de la tâche qui lui incombe. Le week end étant le point de bascule, un moment-clé des relations entre l'Angleterre et les Etats-Unis.
 
Quelques traits d'humour un peu caustiques sauvent d'une dérive totale. Même si le point de vue n'est pas du tout le même, il est difficile à ce film de succéder à un exceptionnel Discours d'un roi ou à un très juste The Queen. C 'est plutôt insipide, dénué d'intérêt. Seul Bill Muray apporte une saveur et parvient à nous charmer un minimum. Décevant et fade...
 
 

jeudi 21 mars 2013

Cloud Atlas, long chemin vers les nuages

 
 
C'est l'histoire d'un film qu'il est compliqué d'imaginer. D'un film qui met en scène 6 histoires, 6 époques et pourtant les mêmes acteurs transcendés par des grimages et déguisements différents. De quoi semer la confusion dans les esprits. J'ai passé une grande partie du film à m'interroger. A chercher le pourquoi du comment. A chercher où il voulait nous amener. C est relativement déstabilisant, sachant qu'il dure près de 3h. Cela laisse largement le temps de se poser des questions. Malgré tout, malgré ce flou artistique, malgré ces cogitations intensives, ces heures passent vite. Les scènes et les époques s'enchaînent fluidement. On commence à comprendre le fil conducteur de chaque histoire, à identifier quels sont les méchants et les gentils. Mais honnêtement, il faut s'accrocher. Et surtout finalement ne pas décrocher en route. Parce que même si elle est longue, le sommet vaut la peine d'être atteint.
 
Le film s'ouvre sur un Tom Hanks méconnaissable. C'est ce qui est bluffant dans Cloud Atlas, la faculté des acteurs à passer d'un personnage à l'autre, personnages diamétralement opposés et surtout extraordinairement métamorphosés (Hugo Weaving devient même une infirmière caractérielle) et la difficulté parfois du spectacteur à reconnaître l'acteur en question (j'avoue être passée à côté de certains et avoir mis un long moment à réaliser que Jocasta était Halle Berry!). Les histoires interagissent et sont perpétuellement liées. Avec un même dénominateur commun: le destin. Ce qui est intéressant c est de voir le panel des genres que nous propose le film. Il passe aisément d'une époque idiomatiquement improbable à une pleine mer ou au coeur d'un Néo Séoul futuriste sans que cela ne choque. La cohérence s'installe petit à petit. J'ai fini par comprendre que l'essentiel du film tournait autour du phénomène de la réincarnation. Pour nous permettre d'arriver à cette conclusion, une comète s'imprime sur la peau de certains personnages, marque de fabrique d'une corrélation mystique.
 
Ce qui est étrange dans ce film c est que j'ai passé les 3/4 de l'intrigue à me demander ce que je faisais là. A me demander si j'aimais ou non ces dédales par lesquels passaient personnages et scénaristes. Et l'évidence est venue à la dernière minute (enfin j exagère un tout petit peu!), au moment où tout devient l'impide, où tout s'éclaire et s'explique. Et j'ai réalisé à quel point ce film était intelligent, à quel point il était réfléchi, à quel point il était rationnel. Chacune de nos actions a des répercussions à plus ou moins grande échelle. Le plus petit de nos actes peut avoir des conséquences sur nos destins futurs, une sorte d'effet papillon d'à travers le temps plutôt que l'espace.  
 
Cloud Atlas est tiré d'un roman réputé inadaptable. Et quand je vois la complexité du scénario, j'image à quel point cette adaptation fût compliquée et, n'hésitons pas à le dire, remarquable. Par curiosité, je lirai ce best seller pour me rendre vraiment compte des difficultés et du challenge remporté par Tom Tykwer, Lana et Andy Wachowski.
 
Une mention spéciale à Hugh Grant qu'on attend plutôt dans des rôles de dandy anglais romantique et qui, ici, excelle aussi bien en révérend qu'en patron véreux ou en chef tribal. Il nous montre une autre facette de lui jusqu'ici  malencontreusement négligée.
 
Je crois que c est la première fois que je passe autant de temps sur une critique. Aussi compliquée à écrire que le film à comprendre. Malgré tout, je ne regrette pas de m'être laissée happer par mon envie de découvrir cette oeuvre (qu'on pourrait presque précéder de chef) magistrale et originale. Brillamment construite comme une espèce de puzzle qui imbrique des morceaux de vie, de destin pour ne plus former qu'un tableau unique, spirituel et cohérent. Il est essentiel de ne pas s'arrêter en chemin, de ne pas se perdre afin d'apprécier la grandeur et la profondeur de ce film (et surtout son génie). Parce que même si les premières minutes donnent envie de fuir, même si les suivantes demandent une attention particulière, le dénouement change totalement la vision globale qu'on en a ou tout du moins que j'en ai eu lors du clap de fin. Avec un casting aussi prestigieux; une BO savoureuse et un esthétisme exceptionnel, ce film ne manquera pas d'éveiller la curiosité des cinéphiles avertis et leur donner, je l'espère, l'envie de prendre le risque et de se laisser surprendre!
 

mercredi 20 mars 2013

Pesto de courgettes

J'ai découvert récemment que le pesto était une préparation assez simple en soi. Et j'ai découvert également qu'on pouvait le décliner différemment.
 
Je me suis inspirée d'une recette de base et ai créé un condiment à ma sauce comme on dit!
 
 
Ingrédients:
 
1 courgette
1/2 gousse d'ail (un peu fort en goût pour moi)
25g de parmesan
25g d'amandes effilées
2cl d'huile de noisette
Sel/poivre
 
Mixez la courgette et l'ail. Ajoutez le parmesan et l'huile de noisette. Puis terminez avec les amandes effilées. Assaisonnez. Vous devez obtenir un mélange assez lisse.
 
J'ai utilisé mon pesto de courgettes pour accompagner une escalope et des pâtes et je compte bien demain le terminer avec des quenelles gratinées (en y ajoutant de la crème fraiche!).

Les équilibristes, un film de haute voltige

 
 
Nous sommes tous des funambules sur le fil de notre vie (bon je ne vais pas me mettre à chanter la chanson de Jenifer même si son "sur le fil de ma vie, je me perds parfois, à chercher l'équilibre je tombe" est plutôt juste #parenthèseoff) . En équilibre permanent, à jongler entre vie sociale, vie professionnelle et vie privée. Le fil est mince et relativement fragile. Il suffit d'un coup de vent, d'une secousse inattendue pour nous faire vaciller. C 'est ce que nous montre cette chronique d'une déchéance précipitée.
 
Une erreur de parcours, un coup de canif dans le contrat et le château de cartes s'effondre. C est ce qui arrive à Guilio, fonctionnaire, marié, 2 enfants dont la femme ne parvient à pardonner l'infidélité. Séparation de rigueur, charges excessives à assumer et un salaire bien insuffisant. Guilio voit sa vie chamboulée et ses repères totalement remis en question.
 
Ce sujet lourd et tristement d'actualité est brillamment traité. Sans larmoyement intempestif, en profondeur et sans jugement de valeur. Ironiquement, je lui trouve un bel équilibre à ce film. Les acteurs sont très justes et très bons. Valério Mastandrea est parfait dans le rôle du père aimant, complice et de l'homme bien dans ses baskets qui va petit à petit s'enfoncer dans une déchéance inextricable. La jeune Rosabell Laurenti Sellers campe une fille qu'on sent aimée, protégée et épanouie, tentant quelques échappées rebelles sous l'oeil amusé et indulgent de son papa. Barbora Bobulova n'est pas en reste en femme bafouée qui n'arrive pas à dépasser la blessure infligée par la tromperie de son mari. Le casting sert merveilleusement le film. L'attachement n'aurait pas été le même, la plongée en eaux troubles non plus sans ces acteurs qui portent littéralement le film sur leurs épaules.
 
Il est révoltant, et pourtant tellement légion de nos jours, de voir qu'un salaire ne suffit plus à s'assurer une tête hors de l'eau. Les charges, les loyers exorbitants (et les coûts qu'engendre une séparation) mettent le couteau sous la gorge de bien des ménages. Ce que montre ce film, c est à quel point un logement participe à la socialisation. Etre réduit à loger en transit chez des connaissances ou dans une pension qui ferme toute fenêtre sur le monde, c'est une régression dans la vie d'un homme (ou d'une femme), cela entraine de dramatiques conséquences sur l'estime de soi, sur l'image qu'on renvoie aux autres (à ses enfants en particulier) et cela remet en cause toutes les fondations sur lesquelles était bâtie notre vie. L'acuité avec laquelle est évoqué ce sentiment de précarité qui plane au dessus de nos têtes est étonnante. La place qui nous définit, le rôle qui est le nôtre auprès de notre famille, de nos amis et de la société plus généralement n'est finalement que temporaire et jamais définitivement établi. C'est cette ombre qui menace le plus commun des mortels que le scénario met en lumière. Cette ombre qui teinte petit à petit, qui détériore la vie d'un homme mais aussi par extension de ceux qu'il aime. Le final évite de sombrer trop profondément et est d'une subtilité émouvante. Un grand bravo pour ce soupçon de ciel bleu judicieusement distillé. Vous l'aurez compris, ce film injustement passé inaperçu m'a transporté et m'a touché. Alors si vous avez la chance d'avoir à proximité un cinéma qui le diffuse encore, n'hésitez pas un instant!
 
Je me permets quand même un petit coup de gueule. Pourquoi les réalisateurs sont-ils tellement friands de l'option cigarettes? Je trouve cela totalement déplacé ici. On voit Guilio douloureusement dépassé et frustré de ne pouvoir payer les 6 euros demandés pour que son fils puisse s'amuser dans une aire de jeu et tout le long du film, il ne se départit jamais de son onéreuse cigarette. Quel est l'intérêt, le but de l'opération? Personnellement chacun des plans où on le voit fumer a éveillé une petite voix furieuse et indignée...
 
 

Camille Claudel 1915

 
 
Avant d'aller voir un film, j'aime toujours prendre la température sur différents blogs cinéphiles et sur Allociné. Par curiosité plus que pour me conforter ou non dans mon envie de le voir.
 
4,3/5 pour les critiques presse. Si j'avais la possibilité de mettre un smiley, il ouvrirait grand la bouche et écarquillerait les yeux tout autant. Il y a plusieurs solutions. Soit je suis insensible, inculte ou insuffisemment ouverte à l'art abstrait (enfin ici plutôt à l'art contemplatif), soit il y a légère exagération de l'euphorie ambiante.
 
Ce qui m'a sauvé c est que le film ne dure qu'1h35. Et pourtant dieu sait à quel point il m'a semblé interminable. Je n'avais pas de montre et c'est redoutable de ne pas entrevoir le bout du tunnel. J'imagine que vous en arrivez à la conclusion que je n'ai pas aimé cette version épurée, dramatiquement lente de Camille Claudel. Bien vu :)
 
Certes, Juliette Binoche est incroyable, fabuleuse, mise à nu sans une once de maquillage, sobre, grave et touchante. La caméra la frôle sans cesse, ne la lâche pas, capte chacune de ses émotions. Tout tourne autour de son visage, de ses expressions, des douleurs qui ont secoué Camille durant son internement à l'asile.
 
Certes, l'endroit où est tournée cette chronique me parle puisque je me suis balladée l'été dernier à travers les mêmes allées que celles où erre Camille. Saint Rémy de provence, monastère où fût enfermé Vincent Van Gogh (et devenu musée à sa gloire).
 
Autour de Juliette Binoche, de vrais malades de l'établissement psychiatrique qui y est rattaché que le réalisateur a filmé en les laissant libres d'être et d'intéragir à leur guise. Pour ma part, cela a créé une atmosphère assez lourde et m'a mis plutôt mal à l'aise. Certes cela ajoute une crédibilité et une authenticité mais entremêler réalité et "fiction", documentaire et "romance" rendait l'ensemble plus compliqué à digérer et à la limite du voyeurisme.
 
Sans compter les scènes où Camille est absente, où la caméra se centre sur Paul, son frère, qui exprime laconiquement sa foi et qui alourdissent une intrigue déjà pesante. Petit sourire néanmoins à l'évocation des illuminations rimbaldiennes (rare moment qui a capté mon attention).
 
Apparemment, le style est propre à Bruno Dumont dont on reconnait la patte. J'envisage donc de me passer de ses futures réalisations parce que j'ai rarement attendu autant ma délivrance que durant ce court long métrage.
 
Ps: je radote, je sais mais je suis consternée de voir qu'un film comme celui là reste en haut de l'affiche (de mon cinéma d'art et d'essai certes) malgré son austérité (dans la plus grande salle quasiment vide à la séance où je suis allée) alors qu'un film comme Les équilibristes, au sujet lourd et brillamment traité n'a été diffusé qu'une petite semaine et à des horaires très restreints. Je ne sais pas comment fonctionnent les programmateurs, à quoi ils se fient pour planifier films et séances mais cela me laisse perplexe...
 
 

mardi 19 mars 2013

Les misérables version Hooper

 
 
Les Misérables, Hugo, un monument. Roman cher à mon coeur depuis toujours. Alors forcément, j'attendais ce film au tournant. Les premières critiques m'affolent un peu. Un musical certes mais à 100% chanté, çà a de quoi effrayer.
 
Le casting est à la hauteur de ce projet fou. Des Grands, des Acteurs mais cette double casquette n'est-elle pas un challenge trop ambitieux? Certains assurent et gardent la superbe qui les caractérisent. Je pense notamment à Anne Hathaway, présente uniquement pendant la première partie du film, mais qui marque les esprits surtout quand on pense à cette scène où on lui coupe les cheveux, scène on ne peut plus juste puisque pour l'occasion, elle a accepté de sacrifier sa longue chevelure. J'ai été convaincue également par Russel Crowe qui avait déjà une expérience en la matière (et çà se sent!). Celle qui m'a laissé sur ma faim vocalement, c est Amanda Seyfried. Les aigüs de sa voix sont désagréables et ont égratigné mes oreilles. Pour les autres, la performance est étonnante, pas évidente et finalement fonctionne plutôt bien!
 
Certaines scènes sont absolument bouleversantes et leur musicalité ajoute à la magie de l'instant. La mort de la fille des Thénardier (très belle découverte, Samantha Barks), la sublissime scène où Eponine chante son chagrin sous la pluie (et cette chanson si familière que j'avais découverte dans un épisode de Dawson!), la performance d'Anne Hathaway et son époustouflant I dreamed a dream ou encore cette scène finale riche en symbolique et en émotions.
 
Ce film est une véritable prouesse. Tous les morceaux sont en live, tournés et chantés pendant les scènes du film pour lui donner une authenticité essentielle. Et puis quelle adaptation audacieuce Monsieur Hooper (qui découle certes d'un musical célèbre mais auquel je ne peux me référer puisque je n'ai pas eu la chance de le voir)! Les Misérables sont connus et reconnus de tous, une véritable légende littéraire repensée sur grand écran et sur scène un nombre incalculable de fois. Celle-ci se démarque, n'est pas une parmi tant d'autres mais une qu'on retiendra malgré le risque, malgré les longueurs et malgré quelques détails techniques. On vibre tout autant pour Cosette, on pleure sur Gavroche, on tremble pour JeanValJean et on est touché par Fantine. Ni plus ni moins que dans le roman dont il s'inspire. C est particulier certes mais j'ai retrouvé les émotions, la saveur et l'intensité de cette épopée romanesque si familière.
 
 Quelques dialogues parlés auraient pu rendre l'ensemble plus accessible. C est véritablement ce qu'il a manqué à ce film pour devenir un chef d'oeuvre...
 
Mention spéciale pour le couple des Thénardier qui est d'une perfection insensée de par leur cynisme et leur mesquinerie. Un grand bravo à Héléna Bonham Carter et à Sasha Baron Cohen!
 
PS: j'ai fait une critique qui encense presque ce film pour contre balancer les foudres qu'il a essuyé et que je trouve assez imméritées. Honnêtement, il y a des longueurs et les chansons peuvent peser (ce fut mon cas par moments) mais la technique, les risques pris et le panache de ce film valent vraiment de s'y arrêter!
 
 

lundi 18 mars 2013

Hôtel Transylvanie

 
 
Bon je commencerai par: "trop de vampire tue le vampire". J'avoue que le thème vampire commence légèrement à me sortir par les yeux. Sauf que Dracula et l'image légendaire qu'il véhicule est suffisant pour me faire tenter l'aventure. Et quelle aventure!
 
Cet hôtel, ces monstres qui ont autant peur de nous que nous d'eux, tout est à contre-courant, drôle et intelligemment amené. Bien sûr, c'est moralisateur comme beaucoup de films d'animation. Les parents doivent faire confiance à leurs enfants et les laisser grandir même si c est encore plus compliqué quand tout repose sur les épaules du seul parent restant. Sans oublier le ne vous fiez pas aux apparences, ne cataloguez pas les gens, laissez leur une chance de vous montrer qui ils sont vraiment. Malgré tout, c'est joliment emballé et cela permet de digérer facilement ces leçons de morale.
 
Pour épicer un peu le tout, ajoutez une histoire d'amour mignonnette et des personnages haut en couleurs, loufoques et forcément originaux puisque ce sont des monstres. Certaines scènes sont à mourir de rire, je pense notamment à l'arrivée de Frankenstein en petits morceaux.
 
Vu le thème, on pourrait penser sombre et terrifiant mais j'ai trouvé ce film assez coloré, lumineux, original et finalement plus amusant que flippant! Et il a un vrai rythme qui permet de lui donner un côté fédérateur. On embarque, on traine dans les couloirs de cet hôtel hors du commun, on danserait presqu'avec plaisir avec les squelettes, les loups et les momies!
 
Je ne savais pas qui était au casting vocal d'Hotel Transylvanie et qu'elle ne fût ma surprise d'entendre la voix reconnaissable entre toutes de Virginie Efira même si la VO ne doit pas manquer de saveur (Adam Sandler/Fran Drescher...)
 
C est bon enfant et si on ne s'attend pas à plus, on passe un moment très sympathique :)
 
 

Kringle estonien à la pralinoise

Cela fait un moment déjà que cette patisserie scandinave me fait de l'oeil sur un tas de blogs sous des déclinaisons aussi originales qu'appétissantes.
 
Les recettes de Maud a emporté la palme de celui qui me tentait le plus. Je me suis donc inspirée de sa recette mais avec la technique que je connais pour être sûre que la pâte lèverait correctement!
Et ce fût une vraie merveille, une révélation, un régal que je referai la prochaine fois en version cannelle/noix de pécan!

 
Ingrédients:
 
300 g de farine
120 ml de lait
1 oeuf
10 g de sucre
30 g de beurre
1 sachet de levure de boulanger déshydraté
Sel
30 g de beurre
30 g de sucre vanillé
100 g de pralinoise (je me suis lâchée tellement j'aime çà, dans la recette de base, seulement 40g)
 
Mettez la farine, la levure, le beurre, le sucre et l'oeuf dans un bol. Mélangez grossièrement.
 
Faites chauffer le lait (il faut qu'il soit tiède, les fameux 40°C).
 
 Puis ajoutez-le au mélange précédent. Malaxez avec les mains jusqu'à obtenir une boule de pâte à pétrir.
 
Pétrissez entre 5 et 10minutes puis laissez monter (sur le radiateur) à couvert (avec un torchon humide) pendant 1h30.
 
Dégazez puis étalez la pâte en forme de rectangle.
 
Faites fondre le beurre et ajoutez-y le sucre vanillé. Etalez la moitié du mélange au pinceau sur la pate puis ajoutez la pralinoise  coupée en petits dés.
 
Roulez la pâte en boudin (dans le sens de la longueur) puis coupez en 2 et tressez les 2 morceaux de pâte. Fermez la tresse pour former une couronne.
 
Laissez à nouveau lever pendant 1h (toujours sur le radiateur et à couvert).
 
Faites préchauffer le four à 180°C.
 
Enfournez le kringle que vous aurez badigeonné du reste du mélange beurre/Sucre.
 
Laissez cuire 20mns.
 
Dégustez tiède ou froid.


dimanche 17 mars 2013

Demaison s'évade



Pour moi, François-Xavier Demaison est avant tout un acteur. Tour à tour Boris, Coluche ou encore Michel. Il excelle dans la gravité comme dans la dérision. Il est celui qui m'a amené à Comme des Frères. François Xavier fait donc partie des importants de mon horizon cinématographique.

La magie des réseaux sociaux m'a fait passer un message qui m'avait échappé. Demaison, c est aussi un showman. Ce dont je ne doutais pas. Et donc il nous régale d'un "nouveau" one man show: Demaison s'évade. Et en s'évadant, il embarque tout le public dans sa fuite. Tour à tour, on s'envole vers le Maroc puis vers le Québec ( totalement fan de cet accent, de son accent et de ses petits apartés outre-atlantiques). On fait une petite escale en prison et on finit en plein Broadway sous une bonne duche. Je ne compte plus les fois où j'ai lu cette formulation originale via le twitter du sieur Demaison. Et ce soir donc, je fais enfin partie de cette bande de cupains qui ont partagé une duche avec lui :)

François Xavier m'a littéralement fait mourir de rire (et par la même fait travailler mes abdominaux en berne) comme tous les mussipontains présents dans la salle. Pas un rire de complaisance mais un vrai rire de plaisir. Le spectacle est haut en couleur et il y a un vrai quelque chose qui se passe entre lui et son public. Une interaction, une complicité et surtout ce bonheur qui se lit sur son visage. Il est là, vraiment, avec nous. Totalement. Et on le ressent. Les yeux qui pétillent, la malice qui se glisse et le sourire authentique et large.

Il enchaine les sketchs, fait le grand écart, s'invite dans le public. Il se moque avec un humour détonnant (et parfois un peu noir) de notre société actuelle, de scènes de notre vie quotidienne mais nous entraine aussi dans des histoires rocambolesques issues de son imagination fertile. Il revisite les contes de fée, les sagas d'antan (mythique Angélique!), danse (royalement) et pousse la chansonnette. En 1h30, ce garçon nous offre un panel (non exhausif) de l'étendue de son talent. Il passe du papy résistant au directeur de théâtre gay, du gynécologue italien au voyant masseur qui a des illuminations très ciblées, le tout avec une aisance affolante. Il est également celui qu'apparemment tout le monde attend. Et que, honte à moi, je ne connais même pas. C'est à ce moment que je tombe irrémédiablement sous le charme. Sous le charme de Bitou, ce petit castor attachant (et un peu déviant).  Je suis impressionnée par sa capacité à changer d'accent, de langue, de peau et même de visage. L'omelette, le célèbre Bitou, Eric et son AVC (elle me vole mon argent), le cousin québécois pingouin, la liste est longue. Ce qui est certain et évident, c est que François-Xavier maîtrise son sujet. Il jongle habilement d'un personnage à l'autre, d'un sexe à l'autre et survole des univers diamétralement opposés. Gros coup de coeur pour le final où tous les personnages se rejoignent et où il nous offre un kaleidoscope des répliques les plus savoureuses de son show des plus originaux. Chapeau, l'artiste!


Le spectacle est vraiment abouti. Et bien évidemment rodé. Pourtant, on ne ressent pas que c est la énième représentation tellement il semble s'éclater sur scène. Scène qu'il occupe et qu'il illumine totalement. Cette petite boule d'énergie au charme indéniable a fait l'unanimité. J'ai partagé ces moments de rires avec ma grand-mère, ma tante et mon cousin qui ont été enchantés de cette parenthèse comique qui fait du bien à la grisaille ambiante. Qu'on se le dise, François-Xavier Demaison est une bouffée de bonheur à lui tout seul et son spectacle, une vraie belle réussite. Qui, apparemment, sortira un jour prochain en DVD. Et que, j'espère avoir l'occasion de revoir en live!

D'ailleurs, n'hésitez pas à céder à la tentation. Les dates de sa tournée sont sur son site FXDemaison.

Après avoir physiquement habité l'espace Montrichard, sa sympathie et sa générosité l'ont conduit à partager quelques moments plus intimes avec son public. Je mesure ma chance et cet instant unique. Le savoure et le range dans ces souvenirs gravés si précieux...

Un immense Merci pour tout, Monsieur Demaison, pour ces rires, pour l'avant, pour ton talent, pour Boris et l'épisode parc des princes et d'avance pour tout l'à venir...

Ah j'ai presque failli oublier. Parce que pour chauffer nos zygomatiques, Julien, un humoriste de chez nous, est venu enflammer la scène, nous a appris les gestes qui sauvent et a composé le tube de l'année "Blénod" qui a parlé à tous les gens présents ce soir (à moi la première!). Moi qui ne suis pas trop première partie, c est un des rares que je n'ai pas maudit parce qu'il reculait le moment de retrouver l'en haut de l'affiche tant attendu!Je compte même aller à sa découverte sur les routes lorraines dès que l'occasion se présentera. Si vous voulez en savoir un peu plus, foncez sur son site Julien, en route vers l'Olympia !

Crédit photo Julien vers l'Olympia


Amarettis

Nouvelle participation à Un tour en cuisine. Là encore beaucoup de recettes vraiment sympas!D ailleurs je retournerai faire un tour sur le blog Sagwest parce que j ai mis pas mal de ces recettes dans mes favoris dont des lasagnes plus que tentantes :)
 

Pour le tour n°239:



1- Le blog sur lequel j'ai pioché ma recette : http://www.sagweste.com


2- Le blog qui doit tester une de mes recettes : http://familyscook.canalblog.com

 
 
 
 
                                           pour une quinzaine d'amarettis
125gr de sucre glace Sainte Lucie
125gr de poudre d'amande
1 blanc d'oeuf
1/2cc d'extrait d'amandes amères
Préchauffer le four Th 180
Sortir la grille du four
Tout mélanger avec les doigts
Former des petites boules de la taille d'une noix
Les poser sur une feuille siliconée poser sur la grille du four
Enfourner 15mn
C'est prêt !
 
Une recette d'une simplicité étonnante!Franchement comme les financiers, pourquoi les acheter alors que c est un jeu d'enfant à faire? :)

samedi 16 mars 2013

Elefante Blanco



Suis très très à la bourre dans mes critiques ciné. Je laisserai bien tomber l'objectif rattrapage du retard sauf qu'il serait dommage de passer à côté d'Elefante Blanco!

Je vais parfois voir des films pour des raisons pas très orthodoxes. Ici la langue espagnole et puis bien sûr Jérémie Rénier (et les quelques mots qu'il a dit du film lors du grand journal d'avant César).

J'ai tendance à fuir les films à connotation religieuse et la simple lecture du synopsis ne trompe pas: l'histoire de 2 prêtres qui oeuvrent dans un bidonville de Buenos Aires. Ricardo Darin, alias Julian est installé dans ce quartier sensible depuis de nombreuses années. Se sachant condamné et après un appel à l'aide, il fait venir son ami Nicolas (Jérémie Rénier) pour l'épauler dans ses lourdes tâches quotidiennes. Leur vision des choses est différente. Julian veut passer le flambeau mais a dû mal à accepter le renouveau que pourrait amener Nicolas. Malgré tout, on ressent une bonté, un lien profond (à la vie, à la mort) qui les unit et un énorme respect. Le mélange des langues, des genres, le décalage qu'il existe entre nos codes européens et les lois qui régissent les bidonvilles argentins, tout cela mène à un film dur et engagé.

Il y a une vraie intensité dans ce film dont on ne peut sortir indemne. Le final est d'une justesse incroyable et touche profondément. Jérémie Rénier explose totalement, il est extraordinaire dans ce rôle un peu à contre-courant de ce dont on a l'habitude. On se retrouve immergé dans un univers de violence et de tension permanence.

Elefante Blanco pour la petite explication est l'endroit, le monument autour duquel va graviter l'intrigue. Cet hôpital en standby depuis d'innombrables années est un immense combat pour les habitants, crée une cohésion autour de sa construction qui leur permettrait de sortir un peu la tête hors de l'eau. Le réalisateur a su mettre en exergue la solidarité qui peut lier une communauté même issue de quartiers populaires réputés "difficiles". Si on retient le sang versé, les émeutes et les trafics de drogue, on ne peut rester indifférent à ces conditions de vie dramatiques et surtout à la générosité qui déborde du coeur de ces grandes "âmes".

Dommage une fois encore qu'un bon film, poignant et bouleversant, soit une fois encore tombé dans l'abîme d'un nombre restreint de salles obscures :/